Coralie Chaponot (1/2) : « Travelife est un label de confiance pour les voyageurs, et une mine d’instruction pour les professionnels »
Dans la droite ligne de sa vocation à proposer des parcours de voyage responsable en Asie du Sud-Est, Les Voyages d’Angèle s’est engagée dans le rigoureux processus de certification Travelife, comme nous le soulignions plus tôt dans notre article intitulé « Les Voyages d’Angèle s’ouvre un avenir prospère et vertueux avec la certification Travelife« .
Dans le 1er volet d’une interview réalisée en septembre 2023, la responsable du développement durable au sein des Voyages d’Angèle, Coralie Chaponot, nous explique ce qui motive Les Voyages d’Angèle à consentir de tels efforts et comment se traduit l’application du référentiel Travelife au sein de l’entreprise.

Pourquoi chercher cette certification Travelife ?
Coralie Chaponot : Les voyageurs veulent de plus en plus s’assurer que les acteurs auxquels ils ont affaire œuvrent dans un esprit responsable, qu’ils redonnent aux communautés, font avancer les choses en termes de « durable ».
Or, sans certification indépendante, quiconque peut prétendre travailler de façon responsable sans que les candidats au voyage ne disposent d’éléments tangibles pour apprécier comment cela se traduit dans les faits.
Avec Travelife, l’agence certifiée fait l’objet d’audits, leurs équipes se rendent sur place pour effectuer un état des lieux, un bilan du travail réalisé afin de prouver que l’on avance bien sur la voix du « durable ».
La certification Travelife est l’une des plus reconnues au monde dans le secteur du voyage. C’est un vrai label de confiance pour les voyageurs responsables qui constituent l’intégralité de notre clientèle, et c’est une mine d’instruction pour les professionnels comme nous.
D’ailleurs, même lorsque l’on est déjà très investis dans la cause « durable », comme nous le sommes, le processus nous amène à découvrir beaucoup de choses sous des angles auxquels on n’avait pas nécessairement réfléchi.
Cela contribue également à mettre tous les membres de l’équipe au diapason, cela influe sur le quotidien du bureau, sur la chaîne d’approvisionnement, sur toutes les choses que l’on achète. Tout est vu et calculé : l’électricité, l’eau, l’empreinte carbone de tel ou tel papier,… tout !
Je pense que toute entité œuvrant dans le tourisme devrait démarrer la certification Travelife – même s’il est vrai que le processus, relativement long et chronophage, est davantage adapté à des grosses entreprises qu’à des toutes petites structures.

Quelles sont les étapes du processus de certification ?
Il y a 3 étapes. La première correspond au niveau « Engagé ». Il suffit de s’inscrire et s’acquitter de la cotisation pour démarrer le processus, lequel est assez fastidieux. Il y a énormément de questions et de détails à donner. C’est d’ailleurs là que je me suis rendue compte que nous n’avions pas vraiment de politique responsable. C’est quelque chose qu’il a fallu mettre en place en vue de passer la deuxième étape qui correspond au niveau » Partenaire ».
Cela m’a pris environ deux mois à temps quasi plein pour suivre tout ce processus avec toute la documentation et les informations à fournir à Travelife.
J’ai rendu le dossier il y a un peu plus d’un mois en vue d’obtenir le statut « Partenaire ». J’attends un premier feedback de leur part dans les jours qui viennent.
Une fois le statut « Partenaire » obtenu, la 3e étape consiste à devenir « Certifié ». Et ça, ça prend beaucoup plus de temps.
C’est au moment de la certification que Travelife effectue des audits.
D’ici combien de temps espérez-vous obtenir la certification ?
Cela peut prendre plusieurs mois, voire un an ou deux. Cela d’autant que Les Voyages d’Angèle est une agence relativement jeune sur le Cambodge. L’Agence de Siem Reap a rouvert il y a moins d’un an et on est en plein développement. Or, il faut avoir un minimum de recul pour pouvoir atteindre la certification. Donc à mon avis une année est un minimum.
Il faut savoir que l’on peut conserver le statut Partenaire pendant plusieurs années à partir du moment où l’on continue de faire nos rapports régulièrement. En revanche, si au bout de deux ans on n’a pas fait les mises à jour requises, on perd ce statut, ce qui signifie qu’il faut tout redémarrer à zéro.

Qu’est-ce que cette démarche de certification a changé jusqu’ici pour Les Voyages d’Angèle ?
La notion de voyage responsable est inscrite dans l’ADN de l’agence depuis sa création. Nous faisons la promotion d’un voyage au contact des habitants, respectueux de la culture, de l’environnement … nous travaillons en associations avec les communautés, que nous soutenons. Nous faisons la promotion de l’emploi local …. tout cela nous le faisons déjà mais nous avons découvert avec Travelife que nous avions encore à mettre en place un certain nombre de mesures structurantes au regard du tourisme éco-responsable, des politiques internes concrètes, ou encore des dispositifs en interne permettant de s’assurer que l’on suit bien l’évolution du droit du travail ou tout autre règle légale ou morale clé.
C’est là, en interne plus que dans le contenu de nos voyages, que se situait le plus gros des améliorations à effectuer. Et ce n’était pas vraiment des changements, plutôt des rajouts, des extensions de ce que nous faisions déjà.
Ce genre de choses se fait généralement dans les grosses structures, beaucoup moins dans une petite entreprise comme la nôtre. Mais cela nous permet de formaliser une vraie démarche « durable » et d’avoir du concret à proposer à nos clients et partenaires.
Aujourd’hui, notre politique responsable est accessible à tout le monde, elle est sur notre site Internet et sera mise régulièrement à jour. Je prévois d’ailleurs de la réadapter d’ici à la fin de l’année car j’aurai déjà plus de recul pour faire quelque chose d’un peu plus personnalisé.
Qu’est-ce qui a demandé le plus d’efforts dans la mise à niveau de l’agence ?
Très honnêtement je n’ai pas trouvé de gros challenge dans le sens où, dès la création, nous sommes partis sur les bonnes bases.
Nous n’avons pas eu beaucoup de changements à effectuer. Par exemple, en ce qui concerne la consommation de papier, nous n’imprimions déjà quasiment jamais. Et quand on imprime, on réutilise le papier quoi qu’il arrive. Quand je suis arrivée, j’ai fait changer les sacs plastiques contre des sacs biodégradables, nous avons éliminé quasiment tout le plastique. Il s’agit de touts petits changements et ils ne m’ont vraiment pas pris beaucoup de temps.
Lorsque tout est mis en place dès le départ, il n’y a que du suivi à effectuer et quelques améliorations à apporter ici et là, qui sont de toute façon inévitables dans la durée.
Mais cela ne nous empêche pas d’envisager par exemple la possibilité de développer des projets pour soutenir des associations, des villages, des communautés. Nous avons déjà quelques idées, il reste à effectuer tout le travail préalable de recherche nécessaire avant de s’engager sur quoi que ce soit, ne serait-ce que pour s’assurer que l’initiative aura un impact positif réel.

Quel investissement la certification représente-t-elle pour l’entreprise ?
Outre les coûts inhérents à mon poste (salaire, bureau, déplacements), il y a relativement peu d’investissements du fait que Les Voyages d’Angèle a démarré dès le départ avec une vision responsable et qu’il s’agit d’une petite entreprise.
Sur des grosses structures, il y aurait beaucoup plus d’impact dans les achats par exemple.
Néanmoins, nous constatons qu’un certain nombre d’agences comme la nôtre, qui ont démarré le processus de certification avant nous, sont quelque peu « enlisées ».
Pourquoi certaines agences s’enlisent-elles dans ce processus, selon vous ?
Le premier réflexe pour les dirigeants consiste assez souvent à confier le processus de certification à un collaborateur au sein de l’équipe, c’est-à-dire une personne ayant déjà une fonction à temps complet.
Cela fait que les démarches progressent plus lentement. Dans certains cas, cela peut prendre jusqu’à 8 mois pour pouvoir répondre à toutes les questions, récupérer tous les documents et mettre les choses en place au fur et à mesure, y compris une stratégie sur le long terme.
Les Voyages d’Angèle en a elle-même fait l’expérience, et c’est d’ailleurs pour cela que la direction a finalement décidé de créer un poste à part entière pour obtenir la certification.
Outre mon poste, les seuls investissements qui se profilent consisteraient à participer, comme je le disais plus tôt, à des projets pour soutenir des associations, des villages, ou des communautés.
Comment cela se passe-t-il avec votre partenaire Evaneos qui vous a apparemment beaucoup poussé pour cette certification si l’on en croit une interview du directeur au média Lepetitjournal.com ?
Ça fait seulement 3 mois que je suis là, les choses se mettent en place au fur et à mesure.
Je suis en contact avec leur responsable « sustainability ». Elle a accès à mon plan stratégique pour l’implémentation de notre politique dans le cadre de la certification. Et je sais que je peux aller vers elle si j’ai besoin de recommandations.
Le fait que Les Voyages d’Angèle ait consacré un poste à plein temps à la certification nous place un peu comme des précurseurs parmi les agences de notre gabarit. J’ai cru comprendre qu’Evaneos suivait de près ce que nous faisions pour inspirer les autres agences qui démarrent le processus de certification ou sont coincées par manque de ressources investies.