La nouvelle de la réouverture de la Chine au voyage international a suscité un vent de panique pour certains et d’excitation pour d’autres dans des pays comme la France. Pourtant, de nombreux facteurs vont contre l’idée qu’un tsunami chinois serait sur le point de s’abattre sur le monde
Il a suffi d’une information d’apparence anodine pour que nos communications s’affolent à l’échelle de la planète, comme une boussole à l’approche du pôle.
Le gouvernement chinois décidait, courant décembre, de supprimer les quarantaines auxquelles étaient soumis leurs ressortissants et les voyageurs internationaux se rendant en Chine.
Un vent d’espoir soufflait dans le pays, créant un pic de fréquentation d’internet, en direction des sites de voyages à l’étranger. Et un emballement des rédactions de presse à l’étranger, l’écho de cette décision étant à l’échelle de ce que la Chine représente sur la carte du monde : gigantesque.
Un vent de désespoir soufflait donc partout ailleurs, à la perspective d’un afflux massif de voyageurs chinois, alors que le pays connaît une reprise épidémique forte.
Personne ne relevait que la mesure concernait des voyageurs entrant en Chine. Et non pas de Chinois se rendant à l’étranger.
Mais quelques jours plus tard, le Gouvernement chinois annonçait son intention d’autoriser ses ressortissants à voyager de nouveau à l’étranger.
Le vent tournait à la tempête… et amenait des gouvernements à prendre des mesures préventives en urgence, comme d’habitude en ordre dispersé, comme si un péril menaçait déjà.
Une chose est sûre, rien ne sera immédiat, et il n’y a pas péril.
Rappelons quelques faits :
- les voyageurs chinois ont besoin pour voyager d’un passeport, celui-ci ne s’obtient pas d’un claquement de doigt, il est difficile à obtenir, et il y a fort à parier que la plupart des candidats au voyage en soient aujourd’hui dépourvus ;
- ils ont besoin également d’une autorisation de sortie du territoire, qui ne s’obtient pas facilement ;
- ils doivent présenter à leur immigration une preuve de vaccination (deux doses) ;
- ils doivent présenter les résultats d’un test négatif au Covid 19 (effectué selon la nature du test 24 ou 48 heures avant le départ)
On ne voit donc pas bien l’intérêt dans ce contexte d’imposer d’autres contraintes (par exemple, un test PCR à l’arrivée). Par ailleurs, pour se rendre à l’étranger les résidents chinois doivent, pour la plupart, prendre l’avion. Or il n’y en a quasiment plus.
Les créneaux ont été abandonnés par les compagnies aériennes. Ils ne seront pas remis en place comme cela, c’est un processus que chacun voudra accélérer, mais qui prendra son temps.
Ils n’ont plus non plus d’agences de voyage, ou plus beaucoup…
Enfin les ressortissants chinois ont une seule semaine de congés payés. Leur séjour en Thaïlande sont 3 fois moins longs (moins de 4 jours en moyenne, avant la crise) que les séjours des européens. Nombreux à venir en Thaïlande avant la crise (environ 10 millions), les voyageurs chinois achètent moins de nuits d’hôtels que les européens (qui sont bien moins nombreux).
Le panier moyen d’un Européen, la dernière fois que j’ai pu lire une statistique, donc avant l’épidémie, est 7 fois supérieur au panier moyen d’un voyageur chinois.
Le Ministre thaïlandais de la Santé indiquait récemment que l’estimation du nombre de voyageurs en provenance de Chine était pour le premier trimestre de 300.000. Cela me paraît une estimation raisonnable.
Ce n’est pas un raz de marée. Cela fera peu de nuits d’hôtel.
Et ce n’est pas l’impact économique de ces arrivées qui changera la situation du secteur du tourisme en Thaïlande. Ou impactera la fréquentation actuelle des sites
Ce ne sont donc pas des considérations économiques de court terme qui motivent le gouvernement thaïlandais à ouvrir sa porte aux voyageurs chinois. Et il me semble de bon sens de ne pas leur appliquer un traitement différent de celui qu’on applique aux autres voyageurs.
Je suis agent de voyage. Je ne travaille pas avec le marché chinois. Mais je suis heureux, pour mes confrères agents de voyage qui travaillent avec la Chine ou en Chine, qu’ils puissent enfin apercevoir le bout du tunnel.