Nombreux sont les voyageurs qui nous demandent des nouvelles de la Birmanie.
Certains désireux de passer un message aux birmans rencontrés lors d’un précédent voyage, les autres espérant découvrir un jour ce merveilleux pays.
A tous, nous aurions aimé donner une lueur d’espoir.
Hélas, rien ne nous porte à espérer un apaisement du conflit dans les prochains mois.
Bien au contraire.
Sur la plan militaire, la situation se dégrade. L’armée déploie ses troupes dans le nord du pays et semble préparer une offensive d’envergure. Les combats ont commencé avec leur lot d’atrocités. La tactique employée consiste à bombarder les villages et les villes, pour terroriser et faire fuir les habitants, et à brûler les habitations.
Dans l’état Chin, on s’attend au pire
Face à l’armée, une résistance (c’est le terme qu’emploient les birmans) s’organise, s’arme, et mène des opérations de sabotage, ou de harcèlement. Les armes viennent de Chine, sont prises lors d’opérations militaires, ou sont amenées par les déserteurs.
Certains groupes agissent seuls, d’autres cherchent une coordination avec les mouvements armés anciennement opposés à la junte, présents le long des frontières. Le cessez-le-feu obtenu ces dernières années n’a pas tenu, aujourd’hui les mouvements insurgés sont tous en conflit ouvert avec les putschistes.
La situation se détériore.
Sur le plan politique intérieur, les procès se poursuivent dans la plus grande opacité, les avocats ayant l’interdiction de témoigner. De nombreux militants sympathisants du NLD sont dans la clandestinité. Ils ont rejoints le Gouvernement d’Unité Nationale. Les putschistes considèrent ce Gouvernement comme une entité terroriste, aucun dialogue n’existe, même indirect. Des envoyés de différents pays ou institutions sont présents à NayPyiDaw, les intérêts des états ou institutions qu’ils représentent sont divergents.
Sur le plan extérieur, la Junte est isolée. L’ASEAN refuse de recevoir son dirigeant, ce qui marque une rupture nette et inattendue avec sa tradition de non-ingérence.
Les dirigeants militaires vivent dans un entre-soi mortifère, dans leur résidence fortifiée, ultra-sécurisée de Zayathiri, sans contact direct avec l’extérieur.
Le pays est à l’arrêt ; les hôpitaux, les écoles, les universités, les services publics poursuivent une grève toujours très suivie, malgré les menaces, les arrestations.
En ville, les produits alimentaires ou de première nécessité sont devenus très chers, ou très rares.
Les coupures d’électricité sont fréquentes. On se débrouille comme on peut.
Dans ce pays encore rural, beaucoup de familles sont retournées dans les villages, où il est plus facile de se nourrir.
Le pays est au bord de la faillite économique.
Malgré ces conditions de vie très difficiles, les birmans quels qu’ils soient restent très déterminés et rien ne semble pouvoir les faire fléchir.